Page:De Caraman-Chimay Borghese - Belges et Africains, 1916.djvu/7

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Sur les bords de l’Yser, de la Marne, de la Somme, tous nous errons depuis deux ans en esprit. Le supplice de nos provinces ravagées nous torture ; nous tremblons à l’écho de nos villes qui s’effondrent ; quelque chose meurt en nous quand nos hommes tombent là-bas.

Notre faculté de souffrir semble devenue infinie : l’immense douleur du monde a élargi nos cœurs. Si la pensée de chacun de nous se fixe avec une irrésistible intensité sur le carré de terre où semblent aboutir toutes les fibres de son être, parce que là respire et combat le fils, le frère ou l’époux bien-aimé, notre amour s’étend à notre patrie, à nos alliés ; notre pitié s’en va vers tous ceux qui souffrent, s’en va même vers nos ennemis malheureux.