Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/143

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froid envers moi. C’est le contraire que vous avez fait. Je me suis attachée à vous ; tant pis pour moi, si vous ne m’aimez pas véritablement. Vous m’offrez d’être votre femme ; vous dites que c’est de tout cœur et sans arrière-pensée. Aujourd’hui, oui, je vous crois ; mais serez-vous le même demain ? Christus, je ne vous refuse pas, bien loin de là, mon Dieu, mais je vous aime, et si je vous épouse, je désire être heureuse ; je ne veux pas vous devoir à un moment d’enthousiasme et je vous demande d’attendre. Si vous m’aimez, vous reviendrez, sinon vous passerez devant la porte sans entrer et… Louise serra les dents pour ne pas pleurer… et… on n’en meurt pas, ajouta-t-elle.

— Si tu verses une larme, je te bats, méchante enfant, dit Christus.

— Eh bien, bats-moi, dit-elle.

Et du bout de son doigt effilé elle prit une larme de joie et la jeta au visage de Christus.

— Çà me portera bonheur, dit celui-ci.

Puis se levant, il prit à pleines mains la tête de Louise, l’embrassa passionnément sur le front, les joues et surtout les yeux où perlaient encore des larmes. Louise essayait de le repousser, elle riait, pleurait et voulait gronder son amant, mais elle n’avait pas pour cela toute la force nécessaire.