Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/144

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Elle répondit chastement à ses baisers. Enfin, s’échappant de ses bras :

— Maintenant, dit-elle, vous allez partir, mon ami. Il commence à neiger fort et je ne veux pas que vous en ayez au-dessus des genoux pour rentrer chez vous.

— Déjà, fit-il.

— Tout de suite, répondit-elle.

— Au revoir Louise, dit Christus en s’en allant penaud.

— Au revoir Christus, dit Louise tendrement railleuse.

Christus franchit le seuil de la ferme, fit trois pas, puis revenant :

— Sais-tu bien, dit-il, que tu es belle comme une sainte Géneviève.

— C’est de ta faute, dit-elle ; mais va te coucher maintenant, çà te sera plus sain que de me faire des compliments.

Elle ferma la porte. Christus se dirigeait vers son logis.

— C’est drôle, se disait-il en marchant dans la neige jusqu’aux chevilles, qu’est-ce que j’ai donc dans le corps, je me sens des envies de pleurer, de chanter et de rire, et je marche comme une grive qui a mangé trop de raisin.

Rentré chez lui, il se mit au lit et ne dormit pas.