Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/180

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modestement devoir être pétillants d’esprit et de malice. Son intelligence selon lui, avait pris un développement incommensurable. Je n’ai plus qu’à le vouloir, se dit-il, pour connaître les pensées les plus cachées et pour expliquer les mystères les plus profonds.

Ces réflexions l’élevèrent très-haut, à ses propres yeux ; il se compara à Satan, se trouva supérieur à cet archange, fut très-content de lui, et pensa que Dieu l’avait placé près de la corde afin de sonder les cœurs de ceux qui voudraient y danser. Il est étrange, ajouta-t-il en laissant tomber à ses pieds un regard sévère, il est étrange que je voie mêlés à ces braves gens sans ambition, ce hautain Croate et ce tartufe de savant, mais les voici qui gravissent à grand’peine les bords de la vallée, précédés de l’avide roulier et suivis de Maître Job et de ses quatre satellites, marchant derrière lui comme des bateaux bêtes suivant le remorqueur. Qu’ils aient l’audace de venir ici, je les tancerai d’importance !

Ce qu’ayant dit, il prit un air terrible, mit le poing sur la hanche, fit des crocs à ses nouvelles moustaches de vapeurs rousses, et allongea d’un demi-pied les quatre poils ordinairement imperceptibles de sa barbiche.