Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/92

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ci, dit-il, montez à votre chambre. » Voyant que je n’obéissais pas, il voulut s’élancer sur moi et faillit tomber. La femme qui fumait étendue dans un fauteuil, dit alors en ricanant : — Tiens, petit, je te croyais plus solide. — Montez, cria-t-il, montez à votre chambre où je vous… Il leva le poing. — Ha, petit, dit la femme, ce n’est pas d’un gentilhomme. — Écoutez-moi, lui dis-je. — T’écouter, dit-il, comme si je ne savais pas ce que tu as à me dire, tu es jalouse n’est-ce pas, et tu trouves mauvais que j’amène ici cette belle créature. — Petit, dit la femme, tu es bête. — Jalouse, répondis-je, non Isaac, je ne suis pas jalouse, car tout l’or du monde ne me ferait pas vous estimer ni vous aimer un instant de plus. Dès à présent, je me considère comme libre sans que ni lois, ni tribunaux me fassent revenir à vous. Il ricanait. — Je t’ai tout donné, continuai-je, ma jeunesse, ma beauté, mon dévouement, tout. J’ai assez fait, je ne te dois plus rien, je te quitte, sans te haïr, Isaac, et en te souhaitant, si cela est possible, du bonheur dans la triste vie que tu vas mener. Sa colère tomba. — Est-il vraiment vrai, dit-il, que vous partez ? — Oui, dis-je, vous savez qu’il le faut. Il réfléchit quelque temps. — Vous avez raison, répondit-il. Et me voici, mon père.

Trois jours après arriva chez Hermann une lettre d’Isaac, qui demandait le divorce par consentement mutuel.