Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/117

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de sourire affreux, et leur œil s’enflammait, et leur main s’agitait convulsivement sur un manche de poignard.

Et le vieillard vit ensuite un homme blême et maigre. Les soupçons se glissaient en foule près de son lit, distillaient leur venin sur sa face, murmuraient à voix basse des paroles sinistres, et enfonçaient lentement leurs ongles dans son crâne mouillé d’une sueur froide. Et une forme humaine, pâle comme un suaire, s’approcha de lui, et, sans parler, lui montra du doigt une marque livide qu’elle avait autour du cou. Et, dans le lit où il gisait, les genoux de l’homme blême se choquèrent, et sa bouche s’entr’ouvrit de terreur, et ses yeux se dilatèrent horriblement.

Et le vieillard, transi d’effroi, fut transporté dans un palais plus grand.

Et celui qui dormait là ne respirait qu’avec une peine extrême. Un spectre noir était accroupi sur sa poitrine et le regardait en ricanant. Et il lui parlait à l’oreille, et ses paroles devenaient des visions dans l’âme de l’homme qu’il pressait et foulait de ses os pointus.

Et celui-ci se voyait entouré d’une innombrable multitude qui poussait des cris effrayants :

Tu nous as promis la liberté, et tu nous as donné l’esclavage.

Tu nous as promis de régner par les lois, et les lois ne sont que tes caprices.