Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corps, soit de l’esprit ; et ceux qui disent : Je ne travaillerai point, sont les plus misérables.

Car comme les vers dévorent un cadavre, les vices les dévorent ; et si ce ne sont les vices, c’est l’ennui.

Et quand Dieu voulut que l’homme travaillât, il cacha un trésor dans le travail, parce qu’il est père, et que l’amour d’un père ne meurt point.

Et celui qui fait un bon usage de ce trésor, et qui ne le dissipe point en insensé, il vient pour lui un temps de repos, et alors il est comme les hommes étaient au commencement.

Et Dieu leur donna encore ce précepte : Aidez-vous les uns les autres, car il y en a parmi vous de plus forts et de plus faibles, d’infirmes et de bien portants ; et cependant tous doivent vivre.

Et si vous faites ainsi, tous vivront, parce que je récompenserai la pitié que vous aurez eue pour vos frères, et je rendrai votre sueur féconde.

Et ce que Dieu a promis s’est vérifié toujours, et jamais on n’a vu celui qui aide ses frères manquer de pain.

Or, il y eut autrefois un homme méchant et maudit du ciel. Et cet homme était fort, et il haïssait le travail ; de sorte qu’il se dit : Comment ferai-je ? Si je ne travaille point, je mourrai ; et le travail m’est insupportable.

Alors il lui entra une pensée de l’enfer dans le cœur. Il s’en alla de nuit, et saisit quelques-uns de