Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/68

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que nul désir ne vous presse ? ou ce désir est-il muet ?

Il en est qui disent : À quoi bon prier ? Dieu est trop au-dessus de nous pour écouter de si chétives créatures.

Et qui donc a fait ces créatures chétives, qui leur a donné le sentiment, et la pensée, et la parole, si ce n’est Dieu ?

Et s’il a été si bon envers elles, était-ce pour les délaisser ensuite et les repousser loin de lui ?

En vérité, je vous le dis, quiconque dit dans son cœur que Dieu méprise ses œuvres, blasphème Dieu.

Il en est d’autres qui disent : À quoi bon prier ? Dieu ne sait-il pas mieux que nous ce dont nous avons besoin ?

Dieu sait mieux que vous ce dont vous avez besoin, et c’est pour cela qu’il veut que vous le lui demandiez ; car Dieu est lui-même votre premier besoin, et prier Dieu, c’est commencer à posséder Dieu.

Le père connaît les besoins de son fils ; faut-il à cause de cela que le fils n’ait jamais une parole de demande et d’action de grâces pour son père ?

Quand les animaux souffrent, quand ils craignent, ou quand ils ont faim, ils poussent des cris plaintifs. Ces cris sont la prière qu’ils adressent à Dieu, et Dieu l’écoute. L’homme serait-il donc dans la création le seul être dont la voix ne dût jamais monter à l’oreille du Créateur ?