Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/91

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À ces dernières paroles, la jeune fille, tout émue, tomba aux genoux de sa mère, prit ses mains, les baisa, et se pencha sur son sein en pleurant.

Et la mère, faisant un effort pour élever la voix : Ma fille, dit-elle, le bonheur n’est pas de posséder beaucoup, mais d’espérer et d’aimer beaucoup.

Notre espérance n’est pas ici-bas, ni notre amour non plus, ou s’il y est, ce n’est qu’en passant.

Après Dieu, vous m’êtes tout en ce monde ; mais ce monde s’évanouit comme un songe, et c’est pourquoi mon amour s’élève avec vous vers un autre monde.

Lorsque je vous portais dans mon sein, un jour je priai avec plus d’ardeur la Vierge-Marie, et elle m’apparut pendant mon sommeil, et il me semblait qu’avec un sourire céleste elle me présentait un petit enfant.

Et je pris l’enfant qu’elle me présentait, et lorsque je le tins dans mes bras, la Vierge-Mère posa sur sa tête une couronne de roses blanches.

Peu de mois après vous naquîtes, et la douce vision était toujours devant mes yeux.

Ce disant, la femme aux cheveux blancs tressaillit, et serra sur son cœur la jeune fille.

À quelque temps de là une âme sainte vit deux formes lumineuses monter vers le ciel, et une troupe d’anges les accompagnait, et l’air retentissait de leurs chants d’allégresse.