Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tentés avec cette main de marbre que Zaccheo a découverte l’an dernier. Que de malheurs nous ont accablés ! Dieu puissant, je crains même d’y songer !

— Raconte-moi, Grillo, comment l’a-t-il trouvée ?

— C’était en automne, la veille de la Saint-Martin. Nous soupions. Et à peine la ménagère avait-elle posé le pain et la soupière sur la table, que Zaccheo, le neveu de mon parrain, arrive en courant. Je dois vous dire que ce jour-là je l’avais laissé dans le champ du Moulin, pour défoncer le terrain où je voulais planter du chanvre. « Patron ! eh ! patron ! me crie Zaccheo, pâle, tremblant, claquant des dents. — Seigneur ! Petit, qu’as-tu ? — Il y a quelque chose d’étrange dans le champ, qu’il me répond ; un cadavre sort de dessous terre. Si vous ne me croyez pas, allez voir vous-même.

» Nous y allâmes avec des lanternes.

» Il faisait nuit. La lune s’était levée derrière la futaie, éclairant quelque chose de blanc dans la terre fraîchement retournée. Nous nous penchons ; je regarde : une main sort de terre, une main blanche avec de jolis doigts fins de patricienne. « Que le diable t’emporte ! Qu’est-ce que c’est que cette horreur-là ? » J’abaisse ma lanterne dans le trou pour mieux me rendre compte, et tout à coup, la main remue, les doigts m’attirent. Alors je n’ai pu m’en empêcher, j’ai crié, les jambes coupées net par la peur. Mais monna Bonda, ma grand’mère, qui est rebouteuse et sage-femme, très brave et forte pour son grand âge, nous dit : « Bêtes que vous êtes ! De quoi