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en saintonge

parler à personne, elle avait décidé de retourner en Canada, au premier voyage de Champlain.

Le seul regret qu’elle emporterait serait l’ineffaçable souvenir de Philippe. Elle connaissait trop son profond attachement pour espérer qu’il l’oublierait, et cette pensée ajoutait une souffrance au martyre qu’elle endurait depuis son arrivée en France.

Champlain voyait avec indignation l’attitude de Mme de Savigny. Comprenant la sanglante blessure dont souffrait Fleur des Ondes, il s’efforçait de la réconforter et de la distraire ; la traitant comme son enfant il lui consacrait tous les instants qu’il n’employait pas aux affaires de la colonie.

Un jour, la jeune fille confia à son protecteur le projet qu’elle avait conçu de retourner au Canada. « Soit, dit-il, mais avant de partir, je vous montrerai votre tante. »

Fleur des Ondes n’osait s’opposer au désir de son ami, mais le jour où il lui proposa cette visite, ce ne fut pas sans appréhension qu’elle l’accompagna.

Champlain, en fin diplomate, voulut d’abord se présenter seul chez la comtesse.

Mme de Savigny était assise dans le vaste et sévère salon de son hôtel. Elle avait à ce moment son air le plus revêche.