Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/116

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Ne orgueilleux, vanteurs ne losengiers
Ne soient pas, car chascun trop desprise
Si fais mahains, bourdeurs ne noveliers,
Qui maintenir veult l’ordre a droite guise.

Telz chevaliers doit on avoir moult chiers
Dieu et les sains et le monde les prise.
Or suive donc toudis si fais sentiers,
Qui maintenir veult l’ordre a droite guise.


LXV



Dame sanz per, ou tous biens sont assis,
A qui m’amour j’ay trestoute donnee,
Corps gracieux de doulz maintien rassis,
Belle beaulté doulcement atournee,
Que j’aim et craim plus qu’autre chose née,
Apercevez que je n’ose
Parler a vous, ne conter mon martire ;
Mais s’il m’esteut le dire a la parclose
Ne me vueilliez, doulce dame, escondire.

Car il a ja des ans bien près de six
Que j’ay en vous m’amour toute assenée,
N’oncques n’osay vous requerir mercis
Pour la paour que ne soiez tanee
De m’escouter, mais ne puis plus journee
La douleur qui est enclose
Dedens mon cuer endurer sanz le dire ;