Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/193

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Pevent de tous maulz nuisans
Sanz emblasver.
Si n’en soions pas exans ;
Pour quoy laver
ous en devons, quant lever
En joye plus de dix ans
Nous puet li moins souffisans
Des biens, prouver
Le puis par tous poursuivans,
Sanz controuver.

Et s’en contrée longtaine
Vostre noblece vous meine
Et la prouece haultaine,
Qui vo noble cuer demeine,
Ce me sera moult grant peine ;
Mais je prendrai reconfort
En ce que je suis certaine
Que de vraie amour certaine,
Plus qu’aultre chose mondaine,
Ne que Paris belle Heleine,
Comme dame souveraine,
M’amez de tout vostre effort.

Et combien que de dueil pleine
Seray nuit, jour et sepmaine,[1]
Et tout le temps triste et vaine,
Sanz estre lie ne saine,
En pire point qu’en quartaine,
Ce me soustendra au fort
Que, se Dieux tost vous rameine,
Oncques si joyeuse estraine
N’ot dame, noble ou villaine,

  1. 194 B n. et j. et s.