Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/324

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Puis qu’il convient qu’ainsi soit, riens n’y vault
M’en doulourer, Dieu pry qu’il te ramaine,
A Dieu te dis, amis, puis qu’il le fault.

Mais je sçay bien qu’en aray dur assault
D’Amours qui trop a son vueil me demaine,
Et qu’assez plus d’une foiz la sepmaine
Je pleureray, je ne sçay s’il t’en chault,
A Dieu te dis, amis, puis qu’il le fault



IV


Helas ! par temps seront passez six moys
Que je ne vy la riens que j’aime mieulx
Qui sur tous est bel et bon a mon choix,
Sage et courtois, mais loings est de mes yeulx
Dont me venoit
Joye et plaisir, c’est bien droit qu’il m’ennoit,
Car tout le bien qui est en souffisance
J’en avoie, ce puis je tesmoigner.
Et qui n’aroit regrait a tel plaisance
Et a si trés doulce amour eslongner ?

Car avec ce qu’a trés bon le congnoiz,
Tant de plaisirs me faisoit en tous lieux
De son pouoir, que pas seule une foiz
Je n’y trouvay faulte, et, ce m’aist Dieux,
Tant s’en penoit
Que d’aultre riens, croy, ne lui souvenoit.
Il me servoit tout a mon ordonnance,
De riens qu’il peust ne me faloit songner.
Et qui n’aroit regrait a tel plaisance
Et a si trés doulce amour eslongner ?