Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est pas reçue, ne vous troublez pas, et ne faites plus de vains efforts en faveur de votre innocence ; puisqu’après avoir rempli les devoirs de la vérité, vous devez aussi remplir ceux de l’humilité. Ainsi, vous ne négligerez point votre réputation, et vous. ne perdrez point l’affection que vous devez avoir pour la douceur et l’humilité du cœur.

Plaignez-vous le moins que vous pourrez du tort que l’on vous aura fait ; car il est fort rare que l’on se plaigne sans péché, notre amour-propre grossissant toujours à nos yeux et dans notre cœur les injures que nous avons reçues. S’il est nécessaire de vous plaindre, ou pour calmer votre esprit, ou pour demander conseil, ne vous plaignez jamais à des personnes qui prenment feu aisément, ou qui aient de la facilité à mal parler, ou à penser mal des autres ; mais plaignez-vous à des personnes qui aient de la modération et de l’amour de Dieu, parce que, bien loin de calmer votre âme, on vous troubleroit davantage, et qu’au lieu de vous arracher l’épine du cœur, on l’y enfonceroit plus avant.

Il y a bien des gens qui, étant malades ou affligés de quelque manière que ce soit, s’empêchent bien de se plaindre et de faire paroître aucune délicatesse de vertu, parce qu’ils savent (et cela est très-vrai) que c’est une foiblesse et une lâcheté ; mais ils tâchent de s’attirer la compassion et les plaintes des autres sur leur peine, aussi--