Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/236

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les autres, courent risque de se casser : L’eau la plus fraiche que l’on veut conserver dans un vase, y perd bientôt sa fraicheur, si quelque animal y a tant soit peu touché. Ne permettez donc jamais, Philothée, et défendez-vous à vous-même tous ces badinages extérieurs des mains, également contraires à la modestie chrétienne, et au respect que l’on doit à la qualité ou à la vertu d’une personne ; car bien que peut-être on puisse absolument conserver un cœur chaste parmi ces actions, qui viennent plutôt de légèreté que de malice, et qui ne sont pas ordinaires ; cependant la chasteté en reçoit toujours quelque mauvaise atteinte. Au reste, vous jugez assez que je ne parle pas de ces attouchemens malhonnêtes qui ruinent entièrement la chasteté.

La chasteté dépend du cœur comme de son origine, et sa pratique extérieure consiste à régler et à purifier les sens ; c’est pourquoi elle se perd par tous les sens extérieurs, comme par les pensées de l’esprit et par les désirs du cœur. Ainsi toute sensation que l’on se permet sur un objet déshonnête et avec esprit de déshonnêteté, est véritablement une impudicité ; jusques-là que l’Apôtre disoit aux premiers Chrétiens : mes frères, que la fornication ne se nomme pas même entre vous. Les abeilles, non-seulement ne touchent pas à un cadavre pourri, mais fuyent encore la