Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/237

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mauvaise vapeur qui en exhale. Observez, je vous prie, ce que la sainte Écriture nous dit de l’Épouse des Cantiques ; tout y est mystérieux. La myrrhe distille de ses mains, et vous savez que cette liqueur préserve de la corruption ; ses lèvres sont bandées d’un ruban vermeil, et cela nous apprend que la pudeur rougit des paroles tant soit peu malhonnêtes, ses yeux sont comparés aux yeux de la colombe, à cause de leur netteté ; elle a des pendans d’oreille qui sont d’or, et ce précieux métal nous marque la pureté ; son nez est comparé à un cèdre du Liban, dont l’odeur est exquise et le bois incorruptible. Que veut dire tout cela ? telle doit être l’âme dévote, chaste, nette, pure et honnête en tous ses sens extérieurs.

À ce propos je veux vous apprendre un mot bien remarquable, que Jean-Cassien, un ancien Père, assure être sorti de la bouche de saint Basile, qui, parlant de soi-même, dit un jour avec beaucoup d’humilité : je ne sais ce que sont les femmes, cependant je ne suis pas vierge. Certes, la chasteté se peut perdre en autant de manières qu’il y a de sortes d’impudicités, lesquelles à proportion qu’elles sont grandes ou petites, l’affoiblissent ou la blessent dangereusement, on la font entièrement périr. Il y a de certaines libertés indiscrètes, badines et sensuelles, qui, à proprement parler, ne violent pas