Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/247

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pauvre, avec lequel je ne sois pas pauvre ? I’Amour le rendoit semblable à ceux qu’il aimoit : si donc vous aimez les pauvres, vous participerez à leur pauvreté, et vous · leur serez semblable.

Or, si vous aimez les pauvres, prenez plaisir à vous trouver avec eux, à les voir chez vous, et à les visiter chez eux, à traiter volontiers avec eux, à les laisser approcher de vous, dans les Églises, dans les rues et ailleurs ; soyez pauvre de la langue avec eux, leur parlant comme d’égal à égal ; mais soyez riche des mains, en leur faisant part de ce que Dieu vous a donné de plus qu’à eux.

Voulez-vous faire encore davantage, Philothée ? ne vous contentez pas d’être pauvre comme les pauvres, mais soyez plus pauvre qu’eux-mêmes. Et comment cela, dites-vous ? je m’explique : le serviteur est inférieur à son maître, vous n’en doutez pas ; attachez-vous donc au service des pauvres ; allez les servir quand ils sont malades dans leur lit, et de vos propres mains ; apprêtez-leur à manger, et à vos dépens ; occupez-vous humblement de quelque travail pour leur usage. O Philothée ! servir ainsi les pauvres, c’est régner plus glorieusement que les Rois : sur cela je ne puis assez admirer l’ardeur de saint Louis, l’un des plus grands Rois que le soleil ait jamais vu ; mais je dis grand Roi en toute sorte de grandeurs :