Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/324

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suffisamment éclairées par les illuminations ; et il est aisé, à la faveur de l’obscurité, de faire glisser beaucoup de choses dangereuses dans un divertissement qui est susceptible du mal. L’on y fait de grandes veillées qui font perdre le matin du jour suivant, et par conséquent tout le service de Dieu. En un mot, c’est toujours une folie que de faire la nuit du jour, et le jour de la nuit, et de laisser les œuvres de piété pour de folâtres plaisirs. L’on porte au bal de la vanité à l’envi, et par émulation les uns des autres ; et la vanité est une si grande disposition à toutes les mauvaises affections, et aux amours dangereuses et blâmables, que c’est la suite ordinaire de ces assemblées.

Je vous parle donc des bals, Philothée, comme les médecins parlent des champignons : les meilleurs, disent-ils, n’en valent rien ; et je vous dis que les meilleurs bals ne sont guères bons. S’il faut manger des champignons, prenez garde qu’ils ne soient bien apprêtés, et mangez-en fort peu ; car pour bien apprêtés qu’ils soient, leur malignité devient un vrai poison dans la quantité. Si par quelque occasion dont vous ne puissiez absolument vous dégager, il faut aller au bal, prenez garde que la danse y soit bien réglée en toutes ses circonstances, pour la bonne intention, pour la modestie, pour la dignité et la bienséance, et dansez le moins que