Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/333

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les Cantiques. On ne s’en défie pas, parce qu’ils sont petits, et ils ne laissent pas de faire un grand dégât dans les vignes, à cause de leur multitude. Pensez-y, et jugez si les articles que je m’en vais vous marquer ne sont pas de véritables injustices.

Nous accusons notre prochain pour de petites fautes, et nous nous excusons de nos fautes le plus grossières. Nous voulons vendre fort cher, et acheter à bon marché. Nous voulons que l’on fasse justice des autres, et que l’on nous fasse grâce. Nous voulons que l’on prenne en bonne part nos paroles, et nous sommes délicats jusqu’à l’excès sur tout ce que l’on nous dit. Nous voudrions que notre voisin nous vendit son bien ; et n’est-il pas plus juste qu’il le garde, s’il le veut ainsi ? Nous lui savons mauvais gré de ce qu’il ne veut pas nous accommoder : et n’a-t-il pas plus de raison d’être fâché de ce que nous voulons l’incommoder ?

Si nous affectionnons un exercice, nous méprisons tout le reste, et nous contrôlons ce qui n’est pas de notre goût. Si quelqu’un de nos inférieurs n’a pas bon air, ou que nous l’ayons une fois entrepris, nous prenons mal tout ce qu’il fait, et nous le chagrinons particulièrement. Si au contraire, l’extérieur d’un autre nous plait, il ne fait rien de mal que nous n’excusions. Il y a des enfans sages et vertueux, que leurs pères et leurs mères ne peuvent presque