Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/340

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Ciel ; si bien que la conservation de son honnêteté et de sa sainteté est absolument nécessaire pour le bien de chaque état, qui en tire toujours sa prospérité.

Plût à Dieu que son Fils bien-aimé fût appelé à toutes les noces, comme il le fut à celles de Cana ; le vin spirituel des consolations et bénédictions spirituelles n’y manqueroit jamais, au lieu qu’il y manque ordinairement, parce que l’on fait présider à ces alliances Mammon, le Dieu des richesses, avec Adonis et Vénus. Qui veut rendre un mariage heureux, doit y entrer par la sainteté du Sacrement ; mais tout au contraire, la vanité, la folle joie du monde, l’intempérance et la licence des paroles en font l’ouverture : faut-il donc s’étonner qu’il soit encore si déréglé dans les suites ?

Sur toutes choses, j’exhorte les personnes mariées à l’amour mutuel que le Saint-Esprit leur recommande tant dans l’Écriture ; ce n’est rien de leur dire : aimez-vous l’un l’autre d’un amour naturel, car cet amour se trouve ailleurs que dans la société humaine : ni de leur dire encore, aimez-vous d’un amour humain et raisonnable, car les parens l’ont eu ; mais je leur dis après le grand Apôtre : Maris, aimez vos femmes, comme Jésus-Christ aime son Église ; et vous, femmes, aimez vos maris comme l’Église aime son Sauveur. Ce fut Dieu qui présenta Eve à Adam, et qui la lui donna pour femme ; c’est aussi