Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/405

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vons pas porter une nourriture plus solide, et qu’il nous faut quelque douceur pour nous attirer à l’amour de Dieu. 2. Après cette humiliation de nous-mêmes, estimons beaucoup ses grâces ; non pas pour ce qu’elles sont en elles-mêmes, mais parce que c’est la main de Dieu qui les opère en notre cœur : car, si un enfant avoit de la raison, il estimeroit beaucoup plus les caresses de sa mère qui lui met les douceurs en la bouche, que ces douceurs mèmes. Ainsi, Philothée, c’est beaucoup d’avoir ces douces consolations ; mais c’est beaucoup plus que Dieu veuille appliquer sa main infiniment amoureuse sur notre cœur, sur notre esprit, sur toute notre âme, pour les y opérer. 3. Après les avoir reçues avec humilité et avec estime, faisons-les servir aux intentions de celui qui nous les donne ; c’est justement pour nous communiquer la suavité d’esprit envers le prochain, et nous inspirer un plus doux amour pour lui-même. Nous devons donc avoir ce jour-là plus d’attention à observer ses commandemens, à faire ses volontés, et à suivre ses désirs.

5. Il faut outre cela renoncer de temps en temps à ces douces et tendres dispositions, détachant notre cœur du plaisir qui lui en revient, et protestant qu’encore que nous les acceptions avec humilité, et que nous les aimions comme des dons de Dieu et des attraits de son amour, nous ne cherchons pourtant ni la con-