Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/424

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et miséricordieuse en ce temps là ! Dites-le sincèrement : le Saint-Esprit ne fit-il pas sentir tous ses attraits à votre cœur ? Dieu ne vous attira-t-il pas à lui avec les liens de son amour, pour vous conduire, parmi les orages du siècle, au port du salut ? O combien vous faisoit-il goûter de délicieuses douceurs de sa grâce dans les Sacremens, dans la lecture, dans l’Oraison ! Hélas, Philothée, vous dormiez, et Dieu veilloit sur vous avec des pensées de paix et d’amour.

5. Considérez en quel temps Dieu vous attira à lui ; ce fut à la fleur de votre âge : Ah ! quel bonheur d’apprendre sitôt ce que nous ne pouvons savoir que trop tard ! Saint Augustin ne s’étant converti qu’à trente ans, s’écrioit : O ancienne beauté ! comment vous ai-je connue si tard ? Hélas ! vous étiez présente à mes yeux, et je ne vous regardois pas. Or vous pourriez dire : Ô douceur ancienne, pourquoi ne vous ai-je pas goûtée plutôt ! Hélas, Philothée, vous ne le méritiez pas en ces : premiers temps ; ainsi reconnoissant la bonté et la grâce de Dieu, qui vous a attiré à lui dès votre jeunesse, dites avec David : O mon Dieu ! vous avez éclaire mon esprit et touché mon cœur dès ma jeunesse ; je le publierai éternellement à la louange de votre miséricorde. Que si vous n’ayez eu ce bonheur que dans votre vieillesse, hélas, Philothée ! quelle grâce, qu’après un si méchant usage des années