Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/94

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chose que de mentir une fois ou deux de gaieté de cœur ; nous ne pouvons pas nous préserver si universellement de tout péché véniel, que nous persévérions long-temps dans cette parfaite pureté d’âme ; mais détruire en nous toute l’affection au péché véniel, c’est ce que nous pouvons avec la grâce de Dieu : nous devons nous y appliquer.

Cela étant ainsi présupposé, je dis qu’il faut aspirer à ce second degré de pureté d’âme, lequel consiste à ne nourrir en nous volontairement aucune mauvaise inclination à quelque péché véniel que ce soit ; car en vérité, ce seroit une grande infidélité et une lâcheté bien coupable, que de conserver en nous habituellement et de dessein, une disposition aussi désagréable à Dieu, que celle de vouloir lui déplaire. En effet, le péché véniel, pour petit qu’il soit, déplaît à Dieu, bien qu’il ne lui déplaise pas au point de nous attirer sa malédiction éternelle ; si donc le péché véniel lui déplaît, certainement cette affection habituelle que l’on a au péché véniel, n’est autre chose qu’une disposition habituelle d’esprit et de cour à vouloir déplaire à sa divine Majesté : seroit-il donc possible qu’une âme bien réconciliée avec son Dieu, voulût non-seulement lui déplaire, mais s’affectionner à lui déplaire ?

Toutes ces affections déréglées, Philothée, sont directement opposées à la dévo-