Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/100

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ravins profonds. Nous triomphâmes de ces obstacles avec beaucoup de difficulté et nous atteignîmes enfin le sommet de ces hauteurs. Là s’offrit à nos yeux le spectacle le plus magnifique. La nature y a accumulé une grande variété de ses faveurs les plus bizarres. D’un côté, on voit une succession de belles prairies entrecoupées, çà et là, de touffes d’arbres rabougris et de buissons, et se terminant en collines verdoyantes parsemées de groupes de cèdres et de pins  ; de l’autre, on aperçoit des tas informes d’argile rouge et blanche et des monceaux de pierres, qui de loin, par leur couleur, ressemblent à des briqueteries  ; quoique en apparence jetées sans ordre les unes à côté des autres, ces pierres ajoutent beaucoup d’intérêt aux objets curieux qui se présentent à la vue.

La région que nous parcourûmes pendant plusieurs jours nous fournit des preuves évidentes qu’elle avait été très-volcanique, même jusqu’à une époque bien récente, car la surface en était encore couverte de lave et de scories. J’ai compté jusqu’à soixante et dix collines en forme de cônes de vingt à cent cinquante pieds de haut, groupées dans une seule plaine et dans un espace de quatre à cinq milles  ; elles avaient évidemment passé par l’épreuve du feu. Quelques-unes de ces collines étaient formées par de grands amas de fraisil que la terre, dans ses convulsions brûlantes, semblait avoir vomis de ses entrailles. Plusieurs fois, après avoir fait quelques milles sur les hauteurs, nous