Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/104

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Le voyageur reconnaît à des signes évidents que les plaines immenses qu’il traverse, et où il ne voit pas un seul arbuste, n’ont pas toujours été dénuées de bois. Des troncs d’arbres et des arbres entiers pétrifiés s’offrent souvent à sa vue. Il s’étonne, il admire ; il fait des conjectures sur le changement qui s’y est opéré. Mais quelle réponse peut-il donner à la question : Pourquoi ces terres-là ne sont-elles pas boisées, comme elles le furent dans les temps antérieurs ? Les steppes de l’Asie, les pampas de l’Amérique méridionale et les prairies occidentales de cet hémisphère semblent revêtir un caractère commun et uniforme ; généralement parlant, on n’y trouve ni arbres ni arbrisseaux. Quelques observateurs l’attribuent à l’action du feu qui a souvent passé par ces endroits ; d’autres, au changement que le climat y a subi, ou à la stérilité naturelle du sol ; il en est enfin qui prétendent que quelque grand bouleversement de la nature a détruit les forêts qui y existaient autrefois et réduit ces régions à la condition où nous les voyons aujourd’hui. J’ai examiné différents endroits ; les grands tas de coquilles de l’espèce testacée et du genre musculus que j’ai trouvés à quelques pieds du sommet des côtes les plus élevées, et qui étaient incrustés dans des terres alluviales et mêlés de sable et de cailloux rongés par l’eau, prouvent les changements étonnants que cette région élevée a subis.

Le même jour, nous traversâmes une vaste côte