Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/111

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fleurs et par leurs formes grotesques et variées. Les ronds et les ovales, de la grosseur d’un œuf de poule, y abondent et sont entourés de longues épines dures et minces comme des aiguilles ; touchées par les pieds des chevaux, ces plantes se lèvent droit et s’attachent aux jambes et au ventre des animaux, qui en deviennent furieux et intraitables.

Nous arrivâmes bientôt dans la vallée du Bouton de Rose ; et, continuant notre route jusque vers le coucher du soleil, nous campâmes enfin sur les bords de la petite rivière qui porte le même nom, non loin d’un bel étang où une digue venait d’être construite par des castors.

Cette partie du désert nous offrit souvent l’occasion d’admirer le travail et l’industrie de ces intelligents animaux. Ils paraissent ici beaucoup plus nombreux que dans aucun autre des districts que j’ai visités. On attribue leur conservation principalement aux incursions continuelles des gens de guerre, soit Sioux, Assiniboins, ou Pieds-Noirs, ennemis implacables des Corbeaux, et qui empêchent les chasseurs et les Indiens du pays de se hasarder dans ces contrées. Aujourd’hui le prix des fourrures de castor est si bas que cette chasse est presque abandonnée. Anciennement la nation des Corbeaux avait pour les castors la plus haute vénération ; elle croyait que « les Corbeaux devenaient castors après leur vie. » Cette idée extravagante a fait perdre la chevelure à plus d’un