Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/119

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l’eau devenait plus rare ; le cinquième jour, elle nous manqua complètement. La nuit qui survint fut une bien rude épreuve : nous n’avions hélas ! après une si longue marche, rien pour nous réconforter. Ce fut le comble de nos misères dans le vallon.

Le 1er septembre, après avoir traversé trois chaînes de coteaux, nous gagnâmes la crête des Côtes-Noires. Nous avions une charrette de moins, et une voiture brisée, dont les pièces ne tenaient ensemble qu’à l’aide de cordes fabriquées avec de la peau fraîche d’animaux.

Arrivés sur le sommet, nous fûmes heureux de découvrir un grand lac dans le lointain. Nous le prîmes avec empressement pour point de mire ; la soif nous dévorait et nous avions des craintes sérieuses pour nos bêtes de somme, dont le pas commençait singulièrement à se ralentir. À notre grand étonnement, nous nous aperçûmes bientôt qu’un énorme parcours nous séparait encore du fort Laramie. Au lieu de distinguer ce fort dans le lointain, comme les trois Corbeaux nous l’avaient fait espérer, nous nous trouvâmes en vue des Buttes-Rouges, à une distance d’environ vingt-cinq milles. Ce lieu est bien connu sur la grande route de l’Orégon : il est à cent soixante et un milles du fort Laramie… Au sommet des Côtes-Noires j’ai laissé un souvenir de mon passage : dans un rocher très-élevé et remarquable par sa forme, j’ai taillé une grande et belle croix. Ah !