Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/134

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pièces de drap rouge et bleu, et les placèrent soigneusement au milieu du cercle. Les deux chevelures furent exposées et présentées aux frères des malheureuses victimes  ; ils étaient assis à la place principale entre les deux chefs de la nation. Il paraît que la «  grande danse de la chevelure  » n’avait point eu lieu. Cette cérémonie, qui est une condition essentielle ou sine quâ non de la paix, consiste en des sauts extravagants et des chansons. Dans ces chansons, on passe en revue tous les exploits des guerriers. La danse se renouvelle chaque jour et se prolonge souvent durant plusieurs semaines. Les femmes, vieilles et jeunes, ainsi que les enfants, ont le droit d’y prendre part. Ce sont les femmes qui s’y distinguent le plus par leur tapage et leurs mouvements désordonnés.

Les frères des Indiens tués avaient l’air sombre et triste. En acceptant les chevelures, ils montrèrent une douloureuse et profonde émotion. Toutefois ils embrassèrent les meurtriers, reçurent leurs présents qu’ils distribuèrent en grande partie. La scène était fort intéressante. Les marques d’amitié se donnèrent ensuite  ; elles consistaient principalement en adoptions réciproques des enfants. Les orateurs employaient toute leur éloquence afin de fortifier le bon accord qui semblait régner dans l’assemblée, et de rendre la paix durable entre les deux tribus. La nuit suivante, les Sheyennes se rendirent aux loges des Soshonies, qui se trouvaient campés à côté