Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/144

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suppose, je plains de tout mon cœur ceux qui s’embarqueront les premiers pour cette expédition. Les ennemis qu’ils auront à combattre sont encore trop puissants : les Corbeaux, les Pieds-noirs, les Sioux, les Sheyennes, les Rapahos et les Serpents sont les tribus les plus redoutables et les plus guerrières du désert. Une colonie qui chercherait à se caser dans un tel voisinage et contre le gré de ces tribus trouverait les plus grands obstacles à vaincre et les plus grands dangers à courir. L’influence de la religion catholique seule pourrait préparer ces parages à une telle transformation. Les promesses et les menaces des colonisateurs, les fusils et les sabres ne feront jamais ce que peut faire la parole de paix d’une Robe noire, la vue de l’étendard civilisateur de la croix.

De la traverse de la Fourche du Sud jusqu’à la jonction des Grandes Fourches, on compte la distance de soixante-quinze milles, et de là au fort Kearny il y a cent cinq milles. Le bois est très-rare sur les bords de la rivière Platte ou Nébraska. Depuis la jonction des deux fourches jusqu’à son embouchure, la vallée a de six à huit milles de largeur, tandis que la rivière même est large d’environ deux milles. Au printemps, à la fonte des neiges, lorsque cette rivière est comble, elle présente une surface d’eau magnifique avec un grand nombre d’îles et d’îlots, couverts de verdure, de cotonniers et de saules. Pendant l’automne, au contraire, la rivière est très-peu intéressante et