Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se trouvent nos pauvres et malheureuses tribus. Si je ne me trompe, vous nous donniez alors l’espoir que peut-être, après deux ou trois hivers, quelques Robes noires viendraient s’établir ici pour nous montrer à bien vivre et à bien élever nos enfants. Plus tard nous avons fait ensemble le voyage du Fort-Union jusqu’à la Platte. Pendant ce trajet, et depuis mon retour au fort, j’ai beaucoup appris et j’ai entendu parler de la belle loi du Grand Esprit, que vous êtes venu nous annoncer. Aujourd’hui je suis bien convaincu que l’adoption de cette loi changerait notre sort infortuné et nous rendrait heureux. Au grand Conseil, notre Père (le colonel Mitchel, surintendant des pays indiens) m’a dit que quelques Robes noires, si tels étaient mes désirs, viendraient dans le courant de cinq années. Robe noire, cinq années sont longues à attendre  ! Dans cet espace de temps, moi et plusieurs de mes enfants nous pourrions être entrés dans la région des âmes. Prenez-nous donc en pitié. Les Robes noires ne devraient point tarder si longtemps à venir. Je vieillis  ; avant de mourir, je voudrais voir commencer la bonne œuvre, et alors je m’en irai content. Mon pays, tranquille aujourd’hui, est en paix avec toutes les nations qui nous environnent. Nos anciens ennemis, les Pieds-Noirs, sont les seuls qui nous inspirent quelque crainte  ; mais nous saurons vous protéger. Tout mon peuple vous appelle à haute voix et vous invite à venir