Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/203

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mouvoir lentement comme un seul troupeau et dans une même direction, broutant l’herbe à mesure qu’ils poursuivaient leur route. Ils avaient une apparence effrayante ; leurs énormes têtes velues surtout inspirent la terreur à ceux qui ignorent les habitudes pacifiques de ces excellents quadrupèdes. Telle est leur timidité qu’un seul homme peut mettre en fuite des bandes entières, quel qu’en soit le nombre. Quand les bisons se mettent à fuir, le bruit de leurs pas précipités et de leurs beuglements, au milieu des nuages de poussière qu’ils soulèvent dans leur course, ressemble au murmure sourd d’une tempête, mêlée de coups de tonnerre, dont l’écho s’affaiblit à mesure que l’orage s’éloigne. La chair de ces animaux est très-estimée et très-nourrissante, elle est comme le pain quotidien des tribus indiennes qui habitent les grandes plaines.

Une tribu qui a peu d’armes à feu, presque pas de chevaux pour suivre la piste des animaux, qui manque de provisions pour subsister et de robes pour se vêtir (et telle était la condition de nos Assiniboins, doit nécessairement recourir à la chasse primitive, et employer pour se nourrir l’ancienne méthode, qui existe ici de temps immémorial. Les sauvages que j’ai vus occupés à cette chasse étaient campés dans un endroit choisi pour la construction d’un parc ou enclos. Le camp dont je parle se composait d’environ trois cents loges, ce qui représente deux à trois mille âmes. On avait