Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne fut pas leur étonnement de voir leurs loges entourées de tous côtés par une bande de quatre à cinq cents guerriers armés, montés sur leurs meilleurs coursiers, et dont les allures étaient loin d’être aussi bienveillantes que la veille  ! Mais les Indiens ne se laissent pas facilement déconcerter  ; ils attendirent l’aurore, en silence… Aussitôt que la lumière du jour parut, le Cerf Pommelé convoqua son grand conseil et donna ordre à tous les Corbeaux de s’y rendre. Ils obéirent et allèrent prendre place au milieu du cercle formé par leurs ennemis. Ils ne respiraient que vengeance, mais affectaient un air d’indifférence, propre aux sauvages  ; leur sang-froid sembla même augmenter à mesure que leur situation devenait plus critique. Lorsque tous furent assis, le Cerf Pommelé se leva et prononça les paroles suivantes : — «  Étrangers, c’est hier que vous êtes arrivés dans notre camp. Vous vous êtes annoncés comme députés de vos grands chefs, pour conclure une paix solide et durable, avec nous, qui étions jusqu’à ce jour vos ennemis. Nous avons prêté l’oreille à vos discours. Vos paroles et vos propos nous ont paru avantageux et sensés. Toutes nos loges vous ont été ouvertes, pour vous y faire participer à nos festins et jouir de notre hospitalité  ; vous vous êtes joints même à nos amusements. Hier, nous avions l’intention de nous montrer aujourd’hui encore plus libéraux à votre égard. Mais avant d’aller plus loin, j’ai une grave question à vous poser, Corbeaux  ! sachez qu’il