Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’horreurs. Pendant quarante ans, il a été le conducteur des Assiniboins dans le Grand Désert. Au début de ses courses vagabondes, il se mit à la tête d’une bande de trois mille hommes qu’il conduisit à la guerre avec des alternatives de succès et de revers. Les maladies les ont souvent décimés, les poisons et les combats les ont fait périr et fondre comme la neige au soleil. Lorsqu’ils n’étaient plus qu’une poignée, on les a vus se disperser et chercher un asile ailleurs. Tchatka est mort comme il avait vécu. Soit crainte, soit jalousie ou haine, il eut fréquemment recours au poison pour se défaire rapidement de ceux qui contrariaient ses vues  ; poursuivi enfin par les remords et le désespoir, il s’est servi du même moyen pour mettre fin à ses jours. Il mourut dans des convulsions terribles. Ceci n’est qu’un préambule, vous lirez plus loin des détails qui vous donneront la conviction que les sauvages aussi ont eu leurs Nérons et leurs Caligulas.

Tous les rapports de statistique que j’ai lus sur les Indiens montrent que leur nombre va toujours en diminuant. À quoi faut-il attribuer principalement cette décadence  ? L’histoire de la tribu assiniboine, conduite par le méchant Tchatka, est plus ou moins celle des autres tribus. Des chefs ambitieux entretiennent des guerres incessantes avec leurs voisins, et puis les maladies exercent d’affreux ravages. Vient ensuite le contact des blancs  ; les Indiens apprennent et adoptent facile-