Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/256

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celui-ci, par ses qualités personnelles, sache inspirer le respect ou la terreur. Le pouvoir du chef est souvent nominal, quelquefois son autorité est absolue, et sa renommée ainsi que son crédit s’étendent au loin  ; alors toute la tribu à laquelle il appartient le reconnaît comme général. C’était le cas parmi les Assiniboins du temps de Tchatka. Le courage, l’adresse et l’esprit d’entreprise peuvent élever un guerrier aux plus grands honneurs, surtout si son père ou son oncle a été chef avant lui, et s’il est issu d’une famille nombreuse, prête à maintenir l’autorité et à venger les querelles de ce nouveau favori du Grand Esprit. Cependant, parvenu à la dignité de chef et installé par les anciens et les guerriers, avec toutes les cérémonies requises, il ne s’arroge pas même alors les signes extérieurs de son rang et de sa dignité  ; il sait trop bien que la place qu’il occupe ne tient qu’à un faible fil qui peut se casser aisément. Il faut donc qu’il sache se concilier l’affection de ses sujets inconstants, ou les maintenir soumis en leur inspirant la crainte. Il n’est pas rare de trouver dans un village bon nombre de familles qui ont plus d’aisance que le chef, s’habillent mieux que lui, sont plus riches en armes, chevaux et autres possessions. Comme les chefs teutons des anciens temps, il obtient la confiance et l’attachement de ses soldats, d’abord par sa bravoure personnelle et plus souvent par des présents, qui ne servent qu’à l’appauvrir davantage. Si le chef manque de gagner la faveur