Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/259

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cavaliers partirent aussitôt pour aller reconnaître l’ennemi. À l’endroit indiqué, ils trouvèrent que le sentier avait été foulé par environ quatre-vingts à cent chevaux. Tous les guerriers redoublèrent d’ardeur et de confiance dans leur nouveau chef. Les deux jours suivants n’offrirent rien de remarquable. On s’arrêta encore dans la soirée du cinquième jour, sans avoir découvert le moindre indice de la proximité du camp ennemi. Les éclaireurs, sauf celui qui avait communiqué secrètement avec Tchatka, étaient allés, durant la journée, dans différentes directions sans rapporter la moindre nouvelle. Plusieurs des plus anciens guerriers commencèrent à murmurer à haute voix, disant «  que le jour prédit où ils devaient rencontrer les ennemis était passé.  »

Mais Tchatka les arrêta tout court et leur dit : — «  Vous semblez douter de mes paroles  ? Sachez que le temps n’est point passé. Dites plutôt que le temps est arrivé. Vous semblez encore bien jeunes en expérience, et cependant un grand nombre d’hivers ont fait blanchir vos têtes  ! Où croyez-vous trouver les loges de vos ennemis  ? Est-ce dans la plaine ouverte ou sur le sommet d’une colline, d’où l’œil aperçoit tout ce qui se meut à l’entour  ? Et vous voudriez rencontrer les ennemis dans un moment où ceux qui devraient protéger leurs femmes et leurs enfants sont loin  ? L’ours et le jaguar cachent leurs petits dans des antres et au fond des forêts impénétrables  ; la