Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/267

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était toujours le premier à prendre la fuite, donnant pour excuse que sa Grande Médecine (son tambour) l’enlevait malgré lui. Il fallait le croire sur parole, sans quoi le téméraire qui aurait osé douter était certainement un homme perdu.

En 1830, il essuya sa première grande défaite de la part des Pieds-Noirs, laissant sur la plaine au delà de soixante guerriers tués, et un nombre à peu près égal de blessés. Le prestige qui jusqu’alors avait entouré son nom commença à lui manquer. Vers ce même temps, la Compagnie de Pelleteries venait d’approvisionner le fort Union. Il avait été pourvu pour deux années de marchandises en vue de la traite avec les nations indiennes dans le haut Missouri.

Dans l’espoir de réparer la perte qu’il venait d’essuyer, et de ranimer le courage de ses soldats, de «  couvrir les morts,   » c’est-à-dire de faire cesser le deuil dans les familles, Tchatka promit avec assurance «  qu’il rendrait riches tous les gens de sa tribu et les chargerait de dépouilles en telle abondance, que leurs chevaux seraient incapables de les transporter. Il avait eu de nouveau un grand rêve  ; rêve, ajoutait-il, qui ne devait pas les tromper pourvu qu’ils entrassent dans ses desseins et qu’ils fussent fidèles dans l’exécution de ses ordres.  » Son plan était de s’emparer du fort Union avec une bande de deux cents guerriers choisis. Tchatka vint s’y présenter en effet  ; il affecta naturellement une grande amitié pour les blancs  ; tâcha