Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/268

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de faire accroire au surintendant qu’il faisait route, avec sa bande, pour le pays des Minatarees ou Gros-Ventres du Missouri, ses ennemis  ; qu’il avait besoin de quelques munitions de guerre, et comptait continuer son chemin à la pointe du jour. L’hospitalité lui fut accordée avec bienveillance. Le chef avait si bien joué son rôle hypocrite, que la précaution ordinaire de désarmer les hôtes et de mettre leurs armes sous clef fut négligée en cette occasion. Le plan que Tchatka avait communiqué à ses guerriers était de se retirer dans les chambres du fort et, à un signal donné, de massacrer, pendant leur sommeil, tous ceux qui s’y trouveraient. Par un heureux hasard, quelques jours avant cette entreprise, tous les employés canadiens, au nombre d’environ quatre-vingts, étaient venus au fort Union pour prendre des marchandises destinées aux Corbeaux et aux Pieds-Noirs. Malgré ce renfort, les sauvages auraient pu réussir dans leur perfide dessein, si un incident imprévu n’était venu les trahir et mettre à découvert leur affreux projet. Un des guerriers assiniboins avait une sœur mariée à un négociant canadien. Désireux de sauver la vie à sa sœur qui était venue au fort avec son mari, et de la mettre à l’abri de tout danger au moment de la mêlée, il lui communiqua, sous le sceau du secret, les intentions du chef, et l’invita à venir passer la nuit dans une autre chambre, afin qu’il pût mieux la protéger. La femme promit de ne rien dire  ; mais,