Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/271

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Pendant les années 1837 et 1838, Tchatka conduisit plusieurs partis de guerre, avec des alternatives de bonne et de mauvaise fortune. On s’aperçut qu’il vieillissait  ; que ses manitous et son Wah-kon lui devenaient moins fidèles  ; que ses prédictions ne se réalisaient plus  ; que ceux qui trouvaient à redire à ses arrangements continuaient à vivre malgré lui. Plusieurs même osèrent, sur ce point, lui porter des défis.

Au printemps de 1838, la petite vérole se déclara parmi les tribus indiennes du haut Missouri. Les ravages de cette terrible maladie changèrent la position de Tchatka vis-à-vis de son peuple. Le beau camp de Tchatka, composé de douze cents guerriers, fut réduit, en peu de temps, à quatre-vingts hommes seulement, capables de porter les armes. D’autres tribus passèrent par de plus rudes épreuves’encore. Ce fléau compta au delà de dix mille victimes parmi les Corbeaux et les Pieds-Noirs  ; les Minatarees ou Gros-Ventres furent réduits de mille à cinq cents  ; les Mandans, la plus noble race des Indiens du haut Missouri, comptaient six cents guerriers avant la maladie, et se trouvèrent réduits après à trente-deux, d’autres disent à dix-neuf seulement  ! Un très-grand nombre se tuèrent de désespoir, quelques-uns avec leurs lances ou d’autres armes de guerre, mais la plupart en se précipitant d’un rocher élevé qui se trouve sur le bord du Missouri. Dans le courant de l’année suivante, Tchatka