Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/279

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d’un grand arbre, au milieu des cris confus et des lamentations de la multitude.

L’ascendant que le nom et les actions de ce grand criminel exercèrent sur l’esprit de toute la tribu assiniboine, fut tel que l’endroit où reposent ses restes est encore de nos jours l’objet d’une haute vénération. Les Assiniboins ne parlent de Tchatka qu’avec crainte et respect. Ils croient que ses mânes gardent l’arbre sacré sur lequel il repose  ; qu’il a le pouvoir de leur procurer des chasses abondantes de buffles et d’autres animaux, ou de faire éloigner ces bêtes de leur pays. C’est pourquoi, chaque fois qu’ils passent dans ce parage, ils ne manquent pas d’offrir des dons et des sacrifices ; ils présentent le calumet aux esprits tutélaires et aux mânes de Tchatka. Il est, selon leur calendrier, le Wahkon-tangka par excellence, le plus grand homme de génie qui ait jamais paru dans la nation.

Les Assiniboins comme les autres Indiens n’enterrent jamais leurs morts. Avec des cordes faites de peaux fraîches, ils fixent les corps entre les branches de gros arbres pour les soustraire à la dent des loups et d’autres animaux voraces. Ces constructions sont assez élevées pour que la main de l’homme ne puisse y atteindre. Les pieds sont toujours tournés vers le soleil levant. Lorsque les arbres qui maintiennent les morts tombent de vétusté, alors les parents des défunts enfouissent tous les ossements gisant sur le sol  ; ils placent