Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/312

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remplace tous les sacrifices qui ont lieu dans certaines circonstances et certaines saisons de l’année. Ils sont offerts soit au Bon, soit au Mauvais Esprit, afin d’obtenir des faveurs personnelles ou d’être préservé de tout accident et de tout malheur.

Avant la grande fête, ou le sacrifice annuel, le grand chef convoque son conseil. Il est composé de chefs inférieurs, d’anciens guerriers qui ont remporté des chevelures à la guerre et de jongleurs ou hommes de médecine. On délibère sur le temps propre et sur l’endroit convenable au sacrifice. La décision est communiquée ensuite par les orateurs à toute la tribu réunie. Dès ce moment chaque individu commence à prendre ses mesures et à faire ses préparatifs pour assister dignement à la fête et y donner tout l’éclat possible.

Environ dix jours avant la solennité, les principaux jongleurs, à qui les arrangements de la cérémonie ont été confiés, se noircissent le front avec du charbon de bois mis en poudre et mêlé de graisse : c’est leur marque de deuil et de pénitence. Ils se retirent, soit dans leurs loges, soit dans les endroits les plus reculés et les plus inaccessibles des forêts voisines. Seuls, il y passent le temps en silence, en jongleries et en pratiques superstitieuses, observent un jeûne très-rigoureux, et demeurent souvent les dix jours entiers dans une abstinence complète, sans prendre la moindre nourriture.