Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/317

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dans la loge et présentent au sacrificateur les entrailles d’un corbeau, en guise d’offrande. Ils prennent place vis-à-vis des jongleurs. Les pierres rougies au feu sont placées en un seul tas et consument les entrailles enveloppées dans des feuilles de kinnihinic. Le chef tire secrètement de son sac de jongleries, qui contient ses idoles et autres objets superstitieux, une dent d’ours et la cache dans sa bouche. Puis d’une main il se couvre l’œil droit, pousse des gémissements et des cris perçants, comme s’il se trouvait dans les plus grandes souffrances et les plus pénibles angoisses. Ce jeu ne dure que quelques instants. Il fait semblant de s’arracher de l’œil la dent d’ours qu’il présente en triomphe à ses clients crédules, leur faisant accroire que la colère de Wâka-Cheêka est apaisée. Si l’affaire est très-importante, les jongleurs reçoivent souvent plusieurs chevaux ou autres objets de valeur, et tous enfin se retirent joyeux et contents.

Agréez, etc.

P. J. De Smet, S. J.