Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/347

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malheureuses victimes. Le père et la mère ne cessèrent, jusqu’au dernier soupir, de conjurer leurs lâches bourreaux d’avoir au moins pitié de leurs pauvres et innocents enfants. Le petit Louis et la petite Marie furent épargnés à cause de leur bas âge  ; le premier avait dix ans  ; la fille n’en avait que sept. Ils furent toutefois forcés d’assister au supplice barbare de leurs chers parents, qu’ils ne pouvaient ni secourir, ni consoler. Ils tremblaient de tous leurs membres, versaient des torrents de larmes, appelaient leur père et leur mère par les noms les plus doux, et suppliaient, mais en vain, les hommes cruels et sans pitié d’épargner leur vie. Les gémissements du père, au milieu de ses affreuses tortures, et les cris étouffés de la mère mourante déchiraient les tendres cœurs des jeunes enfants. Ceux-ci, dans leur désespoir, se seraient jetés aux pieds de leurs parents, à travers les flammes, si les monstres qui les entouraient ne les en eussent empêchés.

Immédiatement après cette scène tragique et lamentable, les deux malheureux orphelins furent soumis à une nouvelle épreuve, non moins dure et affligeante dans les tristes circonstances où ils se trouvaient. Jusqu’alors ils avaient passé tranquillement les jours heureux de leur première enfance  ; ils avaient eu ensemble tous leurs amusements et fait de même toutes leurs courses  ; aujourd’hui qu’ils désiraient partager en commun la plus profonde amertume, ils étaient impitoyablement séparés pour