Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/39

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je lui pendais au cou la médaille de Pie IX, il m’en témoigna une joie et une reconnaissance extraordinaires. « Je la placerai, me dit-il, avec mon Manitou de la guerre ; elle saura me rendre aussi sage dans les conseils de paix, que l’autre a su me rendre fort dans les combats.  » Je lui demandai le sens de ces paroles. Il ouvre aussitôt une petite boîte et en sort un rouleau enveloppé soigneusement dans une peau de chevreuil ; il le déroule, et à ma grande surprise, je vois l’image coloriée du général Diebitsch[1] en grand uniforme et monté sur un beau coursier. Depuis plusieurs années, le Russe avait été le Manitou de la guerre

  1. Jean-Charles-Frédéric-Antoine Comte Diebitsch, général russe, né en 1785 à Grossleippe (Silésie), entra d’abord dans les cadets de Berlin (1797 1805), puis passa au service de la Russie. Il se distingua dans les batailles d’Austerlitz, de Friedland de Dresde et de Leipzig. Lieutenant général en 1813, il engagea les alliés, en 1814, à se porter sur Paris, après les défaites qui avaient marqué la campagne de France. Alexandre l’attacha, plus tard, à sa personne, le nomma major-général de l’armée, 1820, et se fit accompagner par lui à Tangarog. À l’avènement de Nicolas ier, Diebitsch montra, dans la répression de la révolte du prince Troubetzkoï, la plus grande décision, 1825. Nommé gouverneur des colonies militaires, il s’illustra encore, dans la guerre de Turquie, par la prise de Varna, 1828, et surtout par le passage des Balkans, 1829 : exploit que Nicolas ier récompensa en donnant à Diebitsch le surnom de Zabalkanski (l’au delà Balkanien) et le titre de feld-maréchal. Envoyé contre les Polonais insurgés, il leur livra la bataille d’Ostrolenka, et mourut du choléra près de Pultusk (juin 1831). (Note de la présente édition.)