Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/403

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serrés serrés dans d’étroites limites, n’ayant pour subsister que le produit de leur ferme, dont la plupart ne connaissent qu’imparfaitement le travail. Encore cet état n’est-il que précaire. À moins qu’ils ne se hâtent de diviser leurs terres et de se faire citoyens américains, ils sont en danger de tout perdre et de n’être pas plus considérés que des vagabonds. Que l’avenir est chargé d’orages et gros de tempêtes pour ces tribus infortunées  ! Les forcer ainsi à passer subitement, sans transition ni préparation, de la vie nomade à celle d’une soi-disant colonisation, parquer ou resserrer dans des espaces trop restreints pour eux ces terribles enfants de la nature, c’est un grand mal  ; mais un mal qu’il faut braver, puisqu’on ne peut y porter remède. Ceux d’entre eux qui semblent même les plus avancés dans la civilisation sont peu préparés à faire face à toutes les exigences de leur situation si nouvelle.

«  Pour vous former une idée juste de leur position critique et des tristes conséquences qui vont en résulter, à moins d’une protection spéciale de la divine Providence, imaginez-vous que deux sociétés, l’une représentant les mœurs et les coutumes des temps barbares, l’autre, toute la splendeur de la civilisation moderne, viennent en contact. Combien d’années s’écouleront avant qu’il y ait une fusion parfaite entre les deux sociétés, avant qu’elles soient à l’unisson, qu’elles vivent en parfaite harmonie  ? Il faudra bien du temps pour que