Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/56

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Nous avons remonté le Missouri sur une distance de sept cent trente lieues, et parcouru un plateau de plus de cent lieues. Celui-ci sépare les eaux de la rivière Roche-Jaune de celles du Missouri. De la Roche-Jaune, nous nous dirigeâmes vers le sud-ouest, et nous traversâmes encore une terre de trois cents lieues pour atteindre aux Côtes-Noires et aux Montagnes-aux-Loups, deux branches des montagnes Rocheuses. Nous sortîmes de ces lieux sauvages, à l’entrée de la route qui conduit des montagnes Rocheuses à la Californie.

Le 2 septembre 1851, nous nous trouvâmes sur la grande voie battue par les Européens qui sont allés aux mines d’or pendant ces dernières années. Ce chemin est beau, large, et peut-être le plus long de l’univers. Sur la trace des caravanes d’émigrants, on se transporte aisément jusqu’à l’océan Pacifique. Cette immense avenue est semblable à une aire constamment balayée par les vents, où le moindre brin d’herbe ne pourrait pousser, tant elle est foulée sans relâche sous les pieds des Européens et des Américains qui se rendent en Californie. Nos sauvages, qui n’avaient jamais vu que des déserts sans chemin, ou tout au plus quelques sentiers de chasse, pensaient, en voyant cette route, que toute la nation des Blancs avait passé par là, et que le vide avait dû se faire dans les contrées où se lève le soleil. Ils me croyaient à peine quand je leur disais qu’on ne