Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/75

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et d’une grande charité, surveillait le bon Père et tâchait de le soulager  ; mais ses soins et ses remèdes furent inutiles. J’administre l’extrême-onction au révérend Père qui répond à toutes les prières  ; son recueillement et sa dévotion ajoutèrent à la haute estime que tout le monde avait conçue pour lui à bord. Il s’affaiblissait à vue d’œil. Me trouvant moi-même dans un état si grave que je pouvais être enlevé peu de temps après lui et partager sa dernière demeure sur cette terre d’exil, je le priai de recevoir à son tour ma confession, s’il était encore capable de l’entendre. Je m’agenouille tout en larmes au chevet du lit de mon frère en Jésus-Christ, de mon ami fidèle, de mon seul compagnon de voyage dans le désert. À lui, dans son agonie, je me confesse, malade et presque mourant… Les forces l’abandonnent… Bientôt il perd la parole, bien qu’il demeure sensible à ce qui se passe autour de lui. Me résignant à la sainte volonté de Dieu, je récite les prières des agonisants avec la formule de l’indulgence plénière que l’Église accorde à l’heure de la mort. Le P.  Hoecken, mûr pour le ciel, remet sa belle âme entre les mains de son divin Rédempteur, le 19 juin 1851, douze jours après notre départ de Saint-Louis. Qui l’eût dit alors  ? Il soupirait après la mission dans le désert, il avait si soif du salut des âmes, il voulait encore tant travailler pour le bon Dieu  ! Que de projets évanouis  ! cette mort eût été pour moi en d’autres circonstances un motif