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VIENNE

l’Arioste et Le Tasse ont tant célébrée. L’archiduc Ferdinand et sa noble épouse se sont vus tous les deux privés de leurs États par les vicissitudes de la guerre, et la jeune impératrice, élevée « dans ces temps cruels[1], » réunissoit sur sa tête le double intérêt de la grandeur et de l’infortune. C’étoit une union que l’inclination avoit déterminée, et dans laquelle aucune convenance politique n’étoit entrée, bien que l’on ne pût en contracter une plus honorable. On éprouvoit à la fois des sentiments de sympathie et de respect pour les affections de famille qui rapprochoient ce mariage de nous et pour le rang illustre qui l’en éloignoit. Un jeune prince, archevêque de Waizen, donnoit la bénédiction nuptiale à sa sœur et à son souverain ; la mère de l’impératrice, dont les vertus et les lumières exercent le plus puissant empire sur ses enfants, devint en un instant sujette de sa fille et marchoit derrière elle avec un mélange de déférence et de dignité, qui rappeloit tout à la fois les droits de la couronne et ceux de la nature. Les frères de l’empereur et de l’impératrice, tous employés dans l’armée ou dans l’administration,

  1. Supprimé par la censure.