Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/150

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helm Meister, à une femme allemande, qu’elle s’aperçut que son amant vouloit la quitter parce qu’il lui écrivoit en français. Il y a bien des phrases en effet dans notre langue pour dire en même temps et ne pas dire, pour faire espérer sans promettre, pour promettre même sans se lier. L’allemand est moins flexible, et il fait bien de rester tel ; car rien n’inspire plus de dégoût que cette langue tudesque quand elle est employée aux mensonges, de quelque nature qu’ils soient. Sa construction traînante, ses consonnes multipliées, sa grammaire savante ne lui permettent aucune grâce dans la souplesse ; et l’on diroit qu’elle se roidit d’elle-même contre l’intention de celui qui la parle, dès qu’on veut la faire servir à trahir la vérité.