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DE L’ALLEMAGNE

Il y avoit de l’indépendance et même de l’esprit militaire parmi les étudiants ; et si, en sortant de l’université, ils avoient pu se vouer aux intérèts publics, leur éducation eût été très-favorable à l’énergie du caractère : mais ils rentroient dans les habitudes monotones et casanières qui dominent en Allemagne, et perdoient par degré l’élan et la résolution que la vie de l’université leur avoit inspirés ; il ne leur en restoit qu’une instruction très-étendue.

Dans chaque université allemande, plusieurs professeurs étoient en concurrence pour chaque branche d’enseignement ; ainsi les maîtres avoient eux-mêmes de l’émulation, intéressés qu’ils étoient à l’emporter les uns sur les autres en attirant un plus grand nombre d’écoliers. Ceux qui se destinoient à telle ou telle carrière en particulier, la médecine, le droit, etc., se trouvoient naturellement appelés à s’instruire sur d’autres sujets ; et de là vient l’universalité de connoissances que l’on rémarque dans presque tous les hommes instruits de l’Allemagne. Les universités possédoient des biens en propre, comme le clergé ; elles avoient une juridiction à elles ; et c’est une belle idée de nos pères que d’avoir rendu les établissements d’éducation tout-à-fait libres, L’âge mûr peut se